Transport parti de Paris le 12 mai 1943 (I.101.)

Tout comme pour le précédent transport du 6 mai 1943, on connaît peu de choses sur la composition de ce vingt-neuvième transport « NN » en partance pour le SS-Sonderlager Hinzert. Si l’effectif total n’est pas connu, il ne fait aucun doute qu’il est supérieur à celui recensé ici.[1]
Dans les mêmes conditions que les transports précédents, les détenus sont enfermés dans des wagons de voyageurs spécialement aménagés en wagons cellulaires. Le convoi ferroviaire fait route jusqu’à la gare de Trèves, en Allemagne, où les déportés descendent et attendent un autre train à destination de Reinsfeld, un village situé à environ 7 kilomètres du camp spécial d’Hinzert. Le trajet entre la gare et le camp se fait habituellement à pied.

Les causes de l’arrestation des 6 personnes recensées sont connues : 4 sont arrêtées dans le département du Calvados, 3 comme militants communistes au sein du Front National et 1 pour détention illégale d’armes. Par ailleurs, 2 autres personnes sont arrêtées dans la Seine-et-Marne et dans le Loiret pour ce même motif de détention illégale d’armes.
Le fait que ces hommes soient déportés tient à l’acte qui a déterminé leur arrestation. Cet acte est mentionné dans le décret Keitel promulgué en décembre 1941 et donnant naissance à la procédure « Nacht und Nebel ». Toutes les personnes classées « NN » doivent être déportées et jugées en Allemagne, d’où le transport vers le camp spécial d’Hinzert, choisi pour regrouper les « NN » avant le jugement.

De mai à octobre 1943, les déportés « NN » de ce transport restent au camp d’Hinzert avant d’être transférés vers la prison de Wittlich en détention préventive. Puis vient le passage devant le tribunal de Breslau, en Silésie. S’il n’y a pas eu de condamnés à mort, beaucoup sont probablement condamnés à des peines de travaux forcés ou de prison.
Aucun des 6 hommes recensés ne suit le même parcours par la suite. Si certains, comme l’ont décidé les autorités, entrent dans un camp de concentration comme Gross Rosen, Flossenbürg ou Sachsenhausen, un autre est libéré de la prison d’Hirschberg le 8 mai 1945 mais meurt lors de son rapatriement.
Le nombre de lieux différents utilisés dans tout le Reich pour interner les « NN » est important. Un déporté de ce transport, rescapé, a connu neuf lieux de déportation différents. Mais souvent, ces transferts sont à l’origine d’épuisements pour certains déportés qui meurent peu de temps avant la libération des camps, à bout de force, ou bien comme c’est le cas ici pour un d’entre eux, après la libération durant le rapatriement en France.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30