Transport parti de Paris le 1er juillet 1943 (I.113.)

Le jeudi 1er juillet 1943, part de la gare de l’Est le trente-quatrième transport « NN » vers le SS-Sonderlager Hinzert. Comme pour les précédents transports vers cette destination, des prisonniers de Fresnes et du Cherche-Midi sont regroupés, à l’arrière du train Paris-Berlin dans des wagons de voyageurs, dont les compartiments sont transformés par les Allemands en cellules aux fenêtres grillagées. Le train prend la direction de l’Allemagne et fait une halte à la gare de Trèves. Là, les détenus descendent et doivent attendre un autre train en direction de Reinsfeld, village situé à proximité du camp spécial d’Hinzert. Or, si, en général, les déportés repartent de Trèves dans la journée même, l’attente est plus longue pour ce transport, puisque parti le jeudi 1er, il n’entre au camp que le samedi 3. En fait, les détenus sont emmenés à la prison de Trèves, où ils restent une nuit.
Au cours du trajet entre Trèves et Reinsfeld un homme réussit à s’évader et n’est jamais repris. C’est le seul cas d’évasion connu dans un transport « NN » vers le camp spécial d’Hinzert. Ce qui peut paraître surprenant c’est que, bien qu’il se soit évadé avant l’entrée au camp, il a un matricule. Cela semble signifier que la distribution des numéros devait en fait se faire dès l’arrivée à Trèves.

Sur les 31 personnes recensées ici, on connaît 24 motifs d’arrestation. D’une part, 13 personnes sont arrêtées pour détention illégale d’armes, sur dénonciation, qu’il s’agisse d’armes de chasse ou de guerre. D’autre part, un groupe de résistants du réseau Pat O’Leary est démantelé dans le Finistère et 11 de ses membres sont déportés ce 1er juillet. Ils sont arrêtés en avril et mai 1943, accusés d’avoir hébergé des aviateurs anglais et américains. Internés à Quimper, ils sont transférés à Fresnes et au Cheche-Midi et déportés en tant que « NN » compte tenu de la nature de leur acte considéré par le décret Keitel de décembre 1941 comme une aide apportée à l’ennemi et entrant dans le cadre de la procédure « Nacht und Nebel ».
La déportation « NN » se caractérise ici par un séjour d’environ trois mois au camp d’Hinzert puis par un transfert à la prison de Wittlich en attendant l’appel à comparaître devant le tribunal de Breslau, en Silésie, chargé de traiter les affaires « NN » venant de France. Les déportés sont alors condamnés à des peines de prison ou de travaux forcés. En octobre 1944, dans le contexte d’abandon de la procédure « Nacht und Nebel », 21 « NN » de ce transport sont envoyés au KL Gross Rosen. Sur les 11 résistants du réseau Pat O’Leary, 6 y décèdent.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30