Transport Paris-Aix-la-Chapelle du 26 juin 1942 (I.39.)

Le rythme hebdomadaire des départs de « NN » vers le SS-Sonderlager Hinzert depuis la fin du mois de mai 1942, continue avec ce cinquième transport parti le vendredi 26 juin 1942 de Paris. Des hommes et des femmes venant des prisons de Fresnes et de La Santé sont regroupés dans un wagon cellulaire. La destination est la gare de Trèves. Il semble que ce soit le lieu de séparation des hommes et des femmes puisqu’elles sont dirigées vers Aix-la-Chapelle (Aachen) et les hommes vers la gare de Reinsfeld, village situé à environ sept kilomètres du camp d’Hinzert. Encadrés par les SS, les hommes y sont emmenés à pied.

Ces hommes et ces femmes, qui connaissent un parcours différent dans les nombreuses prisons allemandes, après leur séparation à Trèves, ont pourtant un point commun au départ : ils sont tous déportés « NN ». Selon les Allemands, les actes pour lesquels ils ont été arrêtés doivent être réprimés dans le cadre de la procédure « NN » mise en place depuis décembre 1941 dans les territoires occupés.
Tous les motifs sont connus pour les hommes : 7 d’entre eux sont arrêtés en Meurthe-et-Moselle pour leur appartenance au Front National et pour leurs activités communistes ; 6 autres militants communistes subissent le même sort en Seine-et-Marne, après avoir distribué des tracts anti-allemands ; enfin, 2 Mosellans sont arrêtés à Dijon en mai 1942. Réfractaires à l’enrôlement dans la Wehrmacht, ils fuient la zone annexée et sont pris en zone occupée. Les Allemands considèrent qu’ils ont accompli un acte en faveur de l’ennemi, ils ne sont donc pas remis aux autorités de la zone annexée, mais déclarés « NN » et envoyés en Allemagne pour être jugés.
Les femmes sont arrêtées pour trois motifs principaux : la détention illégale d’armes de chasse, la participation à un groupe de militants communistes et l’aide apportée à des prisonniers anglais.
Après une période de détention préventive à Wittlich pour les hommes et Flussbach pour les femmes, le jugement prévu doit avoir lieu à Cologne et ensuite à Breslau, en Silésie, du fait des bombardements de l’été 1943 sur la région de Cologne. Les peines connues pour les femmes relèvent de la prison ou des travaux forcés. Elles sont en majorité transférées vers Jauer. 2 hommes sont condamnés à mort et décapités à Breslau pour « aide à l’ennemi et diffusion de tracts communistes ». Les autres hommes sont condamnés à des peines de prison ou de travaux forcés accomplies à Schweidnitz, Sonnenburg ou Brieg.
Fin 1944, lorsque la procédure « NN » n’est plus appliquée en raison de l’encombrement des tribunaux devant le nombre croissant d’affaires à traiter, les détenus survivants sont transférés pour la plupart dans les camps de concentration : Ravensbrück pour les femmes ; Flossenbürg, Sachsenhausen ou Gross Rosen pour les hommes. Cependant, certains « NN » ne font qu’un parcours de prisons en Allemagne jusqu’à leur libération en avril ou mai 1945 ; quelques femmes finissent ainsi leur déportation à la prison d’Aichach et quelques hommes sont évacués de la prison de Schweidnitz vers celle d’Hirschberg jusqu’au 8 mai 1945.
A partir de la fin 1944, le parcours des déportés est aussi déterminé par l’avancée des armées alliées de part et d’autre du Reich.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30