Transport parti de Paris le 28 août 1942 (I.50.)

Le neuvième transport de « NN » vers le SS-Sonderlager Hinzert part le vendredi 28 août 1942 de Paris. 29 hommes, dont 28 Français et 1 Belge, ont été recensés. Regroupés à la gare de l’Est, ils viennent des prisons parisiennes de Fresnes, du Cherche-Midi et de La Santé. Ils sont répartis dans des wagons de troisième classe, dont les compartiments sont aménagés en cellule. Ces wagons sont accrochés au train Paris-Berlin. Arrivés en Allemagne, les détenus descendent à la gare de Trèves avant de remonter dans un autre train en partance pour le village de Reinsfeld, situé à environ sept kilomètres du camp spécial d’Hinzert. Le trajet entre Reinsfeld et le camp se fait généralement à pied.

Les circonstances pour lesquelles ces personnes sont déportées avec le statut « NN » sont identiques à celles rencontrées dans les transports précédents. Parmi les motifs d’arrestation connus, 12 concernent la détention illégale d’armes de chasse ou de guerre. Ensuite, 3 hommes de la Meurthe-et-Moselle sont arrêtés ensemble en juillet 1942 pour leurs activités dites « communistes » et 2 autres dans le département des Vosges, appartenant au groupe des Francs-Tireurs et Partisans Français. Par ailleurs, un homme est arrêté dans le Calvados, accusé de sabotage et de haute trahison envers l’armée allemande pour avoir détruit un stock de poudre. Enfin, signalons le cas d’une affaire de recel. Pris en charge au départ par les autorités françaises, la personne concernée est remise aux autorités d’occupation car elle possède une arme au moment de son interpellation. Cet exemple montre que les Allemands appliquent à la lettre les dispositions du décret Keitel de décembre 1941, inaugurant la procédure « NN ». Les occupants doivent appliquer ce texte et notamment se référer, suivant les cas, à la liste des motifs devant être réprimés par l’action « Nacht und Nebel ».

C’est donc parce qu’ils entrent dans la catégorie des personnes visées par la procédure « NN » que les hommes de ce groupe se retrouvent déportés à Hinzert. Leur passage y est relativement court puisqu’ils sont transférés dans les prisons de Wittlich et de Diez-sur-Lahn quelques semaines après leur arrivée au camp. Là, ils attendent leur comparution devant le tribunal de Cologne, à proximité ou devant celui de Breslau, en Silésie. Une condamnation à mort est à signaler dans ce transport. Tous les autres déportés jugés sont condamnés à des peines de prison ou de travaux forcés.
A la fin de l’année 1944, la procédure n’est plus appliquée et les « NN » sont remis, sauf exception, aux autorités des camps de concentration pour rejoindre le sort de milliers d’autres déportés. Ainsi, on retrouve à la libération des « NN » de ce transport aux KL Sachsenhausen, Dora, Dachau. Toutefois, un certain nombre sont libérés des prisons d’Untermassfeld ou d’Hirschberg.
Le parcours des « NN » est donc difficile à retracer exactement tant ils ont été transférés dans tout le Reich, par suite du contexte d’application de la procédure, d’une part, et du contexte de guerre, d’autre part, qui a entraîné certaines évacuations.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30