Transport parti de Paris le 5 février 1943 (I.77.)

Le dix-neuvième transport « NN » en partance vers le SS-Sonderlager Hinzert ce vendredi 5 février 1943, n’est certainement pas composé que de 18 hommes seulement. L’écart entre les matricules extrêmes connus fait état de 36 numéros attribués pour les déportés « NN » à leur arrivée le 6 février. Les différentes sources utilisées n’ont pas permis, ni au départ, ni à l’arrivée au camp de reconstituer l’effectif complet.
Toutefois, les caractéristiques concernant la formation et le trajet vers l’Allemagne de ce groupe sont connues. Elles ne diffèrent pas des précédents transports. Ainsi, ce sont des détenus des prisons parisiennes de Fresnes et du Cherche-Midi qui sont regroupés dans des wagons de voyageurs aménagés en wagons cellulaires, à la gare de l’Est. Le train qui emmène ces détenus a pour destination finale Berlin. Cependant, arrivé à la gare de Trèves, il stoppe et les hommes descendent sous la garde des autorités allemandes. Après un moment d’attente, ils remontent dans un autre train qui les emmène jusqu’au village de Reinsfeld, dernière étape avant la marche forcée d’environ 7 kilomètres jusqu’au camp spécial d’Hinzert.

Le seul point commun concernant ces hommes est leur déportation dans le cadre de la procédure « Nacht und Nebel ». Ils sont envoyés en Allemagne pour être jugés en raison des circonstances de leur arrestation.
Hormis 3 membres du réseau Uranus-Kleber de Meurthe-et-Moselle arrêtés pour avoir favorisé l’évasion et hébergé des prisonniers de guerre, on connaît huit arrestations individuelles pour détention illégale d’armes, et une pour une altercation avec un soldat allemand.

Le séjour au camp spécial d’Hinzert est un passage obligé pour les « NN » venant de France et destinés à être jugés par le tribunal spécial de Breslau. Ils sont déjà quelques centaines à y être passés depuis mai 1942.
Sur les 18 hommes de ce transport, 1 décède au camp. Les autres sont transférés à la prison de Wolfenbüttel le 19 avril 1943, soit après un mois et demi passé à Hinzert. De là, les départs vers Breslau, en Pologne se font successivement, au rythme des affaires traitées. Certains de ces « NN » ne sont d’ailleurs jamais jugés du fait du retard pris par ce tribunal et finalement la décision d’abandon de la procédure « Nacht und Nebel » prise par les Allemands à la fin de l’été 1944. Parmi les condamnations connues, toutes relèvent de la prison ou des travaux forcés. Pour accomplir leur peine, les « NN » sont à nouveau transférés dans les établissements habilités à les recevoir comme les prisons de Schweidnitz, Brieg ou Sonnenburg.
A la fin de la procédure, les Nazis décident du transfert dans les KL des « NN », qu’ils soient jugés ou non. Ceci explique les transferts vers les KL Gross Rosen, Sachsenhausen et Flossenbürg. Toutefois, cette décision n’est pas appliquée pour tous, car certains déportés « NN » sont libérés en avril ou mai 1945 d’une prison sans avoir connu de KL.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30