Transport Paris-Trèves du 4 mars 1943 (I.83.)

Le jeudi 4 mars 1943, le train Paris-Berlin quitte la gare de l’Est avec à son bord, dans des wagons de voyageurs aménagés en wagons cellulaires, des hommes et des femmes déportés en Allemagne. Il s’agit pour les hommes du vingt-troisième transport « NN » vers le SS-Sonderlager Hinzert. On sait, par ailleurs, que 10 femmes, « NN » partent ce même jour de Paris, descendent avec les hommes à Trèves et sont conduites en prison. Les hommes sont transférés dans un autre train pour le village de Reinsfeld, dernière étape avant la marche forcée vers le camp spécial d’Hinzert.

Le nombre d’hommes de ce transport est certainement plus élevé[1]. 6 motifs d’arrestation sont connus : 3 hommes sont arrêtés pour détention illégale d’armes, 2 autres sont arrêtés à la frontière franco-espagnole alors qu’ils tentaient de quitter le territoire, et 1 est arrêté sur dénonciation pour avoir hébergé un prisonnier de guerre évadé.
Les femmes sont arrêtées soit individuellement pour détention d’armes ou pour activités communistes, soit avec certains hommes présents dans le transport. C’est le cas par exemple pour une femme arrêtée et donc déportée en même temps que son chef de groupe pour hébergement et aide apportée à des prisonniers de guerre évadés.
Ces motifs d’arrestation sont tous mentionnés dans le décret Keitel de décembre 1941 comme relevant de la procédure « Nacht und Nebel ». Cela se concrétise dans un premier temps par la déportation en Allemagne afin que les personnes concernées y soient jugées.

Alors que les femmes restent très peu de temps à Trèves et sont dirigées rapidement vers les prisons d’Aix-la-Chapelle et Flussbach, les hommes restent plus longtemps à Hinzert avant d’être envoyés, soit à Wolfenbüttel en juillet 1943, soit à Wittlich en octobre 1943. Certains, jugés pour la même affaire, se retrouvent à Cologne ou Breslau, villes où siègent les tribunaux spéciaux mis en place pour traiter les affaires « NN » venant de France. Les condamnations sont de deux types pour les personnes de ce transport : une peine de prison ou une peine de travaux forcés. Les femmes accomplissent leur peine principalement à la prison de Jauer, les hommes dans les établissements de Brieg et de Schweidnitz.
Lorsque les Allemands décident de mettre un terme à l’application de la procédure « NN », en raison du retard pris par les tribunaux dans les jugements, il est décidé de remettre dans des KL tous les déportés « NN », qu’ils aient été jugés ou non. Concrètement, cette mesure s’applique pour les femmes par le transfert vers le KL Ravensbrück. Ainsi, 6 femmes y entrent successivement, immatriculées dans les séries des « 78000 », « 96000 » et « 102000 ». Pour les hommes, les transferts vers les KL sont plus complexes et concernent plusieurs camps : Gross Rosen, Flossenbürg, Sachsenhausen, Dora. Mais, en dépit de cette mesure, certains ne connaissent aucun KL et sont libérés dans une prison en avril 1945. Ainsi, une femme est libérée à la prison d’Aichach le 29 avril 1945, après avoir été évacuée de Jauer.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30