Transport parti de Paris le 8 avril 1943 (I.90.)

Le jeudi 8 avril 1943, le vingt-sixième transport « NN » en direction du SS-Sonderlager Hinzert part de Paris. Il est composé d’hommes internés jusque-là dans les prisons parisiennes de Fresnes et du Cherche-Midi. Ils sont regroupés à la gare de l’Est dans des wagons de voyageurs aménagés en wagons cellulaires. Le train Paris-Berlin, auquel leur wagon est accroché, fait une halte à la gare de Trèves, où les déportés sont transférés dans un autre train en direction de Reinsfeld, dernière étape avant la marche forcée jusqu’au camp spécial d’Hinzert, distant de sept kilomètres.
L’effectif recensé ici est certainement inférieur à la réalité, comme l’écart entre les matricules extrêmes connus à l’entrée au camp le montre[1].

Tous ces déportés sont « NN », classés comme tels en raison du motif de leur arrestation : 9 personnes sont arrêtées dans le département des Basses-Pyrénées en tentant de franchir la frontière franco-espagnole pour rejoindre les Forces Françaises Libres, acte considéré comme une « aide à l’ennemi ». Par ailleurs, 4 autres personnes sont dénoncées et arrêtées pour détention illégale d’armes. Il ne s’agit pas de résistants pris les armes à la main, mais de personnes possédant une arme de chasse. Quoi qu’il en soit, ils sont considérés comme suspects aux yeux des Allemands et doivent être jugés en Allemagne.

Le séjour au camp spécial d’Hinzert ne dure que six mois au maximum. Une première partie du groupe quitte le camp en juillet 1943 pour la prison de Wittlich et est rejointe par un deuxième groupe en octobre. De là, les déportés « NN » sont envoyés les uns après les autres au tribunal de Breslau, en Silésie, chargé de traiter les affaires « NN » venant de France.
Les peines prononcées relèvent soit des travaux forcés, soit de la prison, selon l’acte d’accusation. Il est cependant difficile d’établir une relation entre la gravité des motifs et la condamnation. Chaque condamnation entraîne un transfert dans un établissement réservé aux « NN ». Ici, les déportés sont envoyés à Schweidnitz ou à Brieg. Puis, ils sont à nouveau transférés dans des KL à la suite de la décision de suspendre la procédure « NN », accompagnée de la décision de remettre tous les « NN » dans des KL. Ils sont donc transférés aux KL Gross Rosen, Dora ou Flossenbürg. Toutefois, pour des raisons inconnues, certains n’entrent jamais dans un camp de concentration et sont évacués vers des prisons jusqu’à la libération : c’est le cas d’Hirschberg qui voit beaucoup de « NN » être libérés le 8 mai 1945.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30