Les arrivées au SL Schirmeck, en juillet 1941, de personnes arrêtées en zone annexée (II.4.)

La très grande majorité des personnes arrivées au SL Schirmeck durant le mois de juillet 1941 sont arrêtées pour sentiments francophiles et attitudes « anti-allemandes ». L’opposition à l’annexion et à ses conséquences s’amplifie comme le montre une des premières manifestations patriotiques spontanées à Hochfelden à l’occasion du 14 juillet 1941. Les personnes arrêtées au cours de celle-ci représentent près de la moitié de l’effectif recensé ici. D’autres arrivées au camp ont également lieu après les manifestations du 14 juillet dans les communes de Saverne et Niederbronn-les-Bains.

En effet, en 1941, à la suite du mot d’ordre lancé par le porte-parole de la France Libre sur « Radio Londres », plus d’une centaine de jeunes gens de la commune de Hochfelden se réunissent la veille du 14 juillet dans un café pour commémorer la fête nationale, commémoration interdite depuis l’arrivée des troupes allemandes. Vers 22 heures, quelques jeunes gens décident d’organiser inopinément un cortège à travers les rues de la commune. Pour donner quelques significations à cette manifestation, des flambeaux, ornés de bandelettes bleues, blanches et rouges sont apportés. Les manifestants, auxquels se joignent quelques dizaines d’autres personnes, parcourent les rues en chantant l’hymne national et des chansons patriotiques. Arrivés devant le Monument aux morts, après une minute de silence, ils déposent un bouquet de fleurs arrangé en hâte par des jeunes filles. Puis, toujours en chantant, le cortège continue sa route et se disperse au centre de la commune. Au cours de la nuit, le nom du général de Gaulle est inscrit sur diverses maisons de la commune.
Le lendemain de cette manifestation, qui n’est pas passée inaperçue, des perquisitions sont effectuées par la police allemande dans toutes les maisons. Le soir même, 11 jeunes gens sont envoyés au SL Schirmeck. Les jours suivants, des personnes qui avaient pris part à la manifestation[1], en grande majorité des jeunes, sont arrêtées par la Gestapo et internées au camp de Schirmeck. Le samedi 19 juillet, l’état de siège est proclamé à Hochfelden, qui est ainsi la première commune à le connaître[2] et le couvre feu instauré à 21 heures.
La majeure partie d’entre eux est libérée par les autorités allemandes, selon la gravité des faits imputés à chacun, après trois, six ou onze mois de détention. A la suite de leur libération, certains jeunes gens sont directement incorporés dans le RAD (Service du travail du Reich). Un seul reste à Schirmeck jusqu’au 31 août 1944, date à laquelle il est transféré au camp de Gaggenau avant d’être libéré pour être envoyé à Weissenbach dans un camp de travailleurs civils jusqu’en mai 1945.

Manuel Maris

[1]François Entz, dans son article parle de 106 personnes (83 garçons et 23 filles), la Fondation n’a pu en recenser que 43.

[2]Voir l’article de François Entz dans « Saison d’Alsace » n°114, hiver 91/92, p. 239-250.

Dernière mise à jour : 2007-07-23