Transport parti de Paris le 17 juin 1943 (I.108.)

Le trente-deuxième transport « NN » vers le SS-Sonderlager Hinzert quitte Paris le jeudi 17 juin 1943. Il est composé de prisonniers de Fresnes et du Cherche-Midi regroupés dans des wagons de voyageurs spécialement aménagés par les Allemands pour le convoyage de détenus. Le train Paris-Berlin les emmène jusqu’à la gare de Trèves où ils descendent et doivent attendre un autre train. Le voyage dure cette fois moins longtemps puisque à quelques kilomètres de Trèves, au village de Reinsfeld, les déportés doivent descendre et marcher pendant environ sept kilomètres pour atteindre l’entrée du camp spécial d’Hinzert.

On ne connaît pas la totalité de la composition du transport et des motifs d’arrestation. Sur les 10 personnes recensées ici, qui ne constituent certainement pas l’effectif total immatriculé à Hinzert le 18 juin 1943[1], 5 personnes sont arrêtées individuellement sur dénonciation pour détention illégale d’armes et 2 autres sont arrêtées dans le Doubs à la frontière franco-suisse au cours d’une tentative de rejoindre les armées alliées. Ils sont accusés par les Allemands de vouloir apporter une aide à l’ennemi en fuyant le territoire, actes mentionnés dans le décret Keitel de décembre 1941, mettant en place la procédure « Nacht und Nebel » et instaurant ainsi une nouvelle mesure répressive dans les territoires occupés. Classés « NN », ces hommes sont regroupés dans les prisons parisiennes et doivent être déportés à Hinzert puis jugés en Allemagne.

Le parcours de ces déportés « NN », à partir d’Hinzert, est déterminé par le passage devant le tribunal. Ils sont transférés, soit en juillet, soit en octobre 1943 à la prison de Wittlich. De là, ils sont appelés les uns après les autres à comparaître devant le tribunal spécial de Breslau, en Silésie, chargé de traiter les affaires « NN » venant de France. Il faut noter le parcours différent d’un « NN », non jugé en Allemagne et transféré à Diez-sur-Lahn, puis à Butzbach jusqu’à son décès.
Les peines prononcées relèvent de la prison ou des travaux forcés. En fonction des condamnations, les déportés sont à nouveau transférés soit à Schweidnitz, soit à Sonnenburg.
A l’abandon de l’application de la procédure « NN », à la fin de l’été 1944, les déportés concernés sont à nouveau sur les routes au cœur du Reich. Deux cas de figure sont alors connus : il y a ceux qui sont envoyés en camp de concentration conformément à la décision prise par les autorités allemandes. Ici, 1 « NN » entre au KL Gross Rosen et un autre au KL Sachsenhausen. Il y a aussi ceux qui sont évacués dans des prisons sans entrer dans un KL, où ils restent jusqu’à leur libération. C’est le cas de 3 hommes évacués de Schweidnitz vers Hirschberg et libérés le 8 mai 1945. Pour les autres, soit on ne connaît pas le parcours dans sa totalité, soit ils sont décédés avant ces transferts.

Guillaume Quesnée

[1]Cet effectif n’est attesté par aucune liste de départ ou d’arrivée en Allemagne et il a donc été établi à partir du croisement de diverses sources. Mais, pour un certain nombre de déportés, si l’on sait qu’ils sont « NN » envoyés à Hinzert, on ignore la date de leur déportation et ils sont donc présentés dans la liste alphabétique « hors transport » des déportés à Hinzert (I.301.).

Dernière mise à jour : 2008-07-30